vendredi 25 janvier 2013

La mariée du bois


                     C’est une histoire qui s’est passée il y a fort longtemps, et que les plus jeunes ne connaissent pas. Les ancêtres, eux savent de quoi il retourne, même si ils ne savent plus la nommer cette femme… peut on encore parler de femme, moi je ne crois guère. Toute âme à quitter ce corps, et elle n’est guidée que par l’espoir et l’illusion d’un bonheur perdu qu’elle croit pouvoir retrouver un jour. On appelle ces gens là les âmes perdues, et comme toute les âmes perdues "la mariée du bois" comme on l’appelait, ère elle aussi, à la recherche de son époux.
                     Promis l'un à l'autre il devaient s'unir pour la vie, au début de l’hiver, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort les sépare… ainsi soit- il. Elle l'attend dans le froid, ne comprenant pas pourquoi il l’a laisse seule si longtemps, …étrangement elle ne peut quitter cet endroit humide et lugubre, alors pour faire passer le temps elle fait les cent pas, arpentant les bois qui mènent à la chapelle… « il est en retard, il est toujours en retard »… elle le savait avant même de vouloir l’épouser.  « Bon sang, le jour du mariage… » pensait- elle ! « Je suis glacée en plus dans ma robe, ah ma belle robe… », en contemplant toutes ces dentelles, ces soieries, ces galons cela calmait ses ardeurs… Elle avait confectionné sa tenue de mariage de ses  propres mains, avec ses menus moyens, récoltant çà et là, au grès des années, un morceaux de dentelle, une fourrure vaillamment donnée par une vieille du village, un ruban, et le jour tant attendu était enfin arrivé, le jour où elle allait se marier ! Elle n’en finissait plus de trépigner d’impatience ! Son mari n’était pas bien riche mais c’était un homme fort, vaillant, avec lequel elle était assurée de passer de longs jours grâce à sa santé robuste. Elle se disait au fond que ce serait elle qui partirai avant et que cela lui éviterai la peine de voir mourir son bien aimé ! Car trop de malheurs avaient déjà frappé sa courte vie… elle n’avait plus de famille depuis bien longtemps et l’idée de perdre à nouveau une personne chère lui était insupportable.
                      A la noce était conviés les parents du mari, et quelques villageois, une noce assez modeste, mais qui lui convenait fort bien ! « Et le cortège, les invités, où s’en sont ils donc allés ?... mais c’est que le jour tombe en plus de cela… j’attends depuis si longtemps? Je ne vois plus le temps passer … Ils n’ont pas pu m’oublier comme ça, c’est ma journée aujourd’hui ! Ce doit être le plus beau jour de ma vie ! » La panique l’envahie ainsi que l’incompréhension! Ils l’avaient abandonnée, voilà la seule explication. « Tout cela n’était que supercherie… Comment ai-je pu y croire ! » Alors la colère grandit en elle et gronda si fort qu’elle appela dans un râle son mari, dans l’espoir qu’il l’entende et qu’il revienne ! Elle jurait,en proie à la folie, ne s’arrêtant plus d’hurler ! Les cloches se mirent à sonner soudainement,  mettant un  terme à ses cris. « Ça y est, ils sont là ! » murmura t elle. Elle regarda  alors vers le clocher de la chapelle qui dépassait d’entre les arbres, et se mis à courir dans cette direction dans un dernier élan de vigueur, gravissant le talus avec difficultés. Qu’il était haut et abrupte! Sa robe s’accrochait aux branches, comme si même les éléments de la nature voulaient la retenir au fond de ce bois terne et mort et chaque pas  lui coûtait une énergie folle. Quand elle arriva enfin au sommet, elle était épuisée. Le spectacle qu’elle vit l’assommât plus encore : son mari était là, avec son beau costume de cérémonie, et il sortait de la chapelle avec à son bras une jeune femme, s'avançant vers les invités qui les acclamaient. La vision de ce couple d’imposture eu raison d’elle, et elle s’effondra avant même d’avoir atteint la lisière du bois, inerte. Personne ne la vit, personne ne prêta attention à elle, comme si elle n’existait pas. Elle écouta son cœur qui ne battait plus.
                   Il s’était arrêté il y a de cela des années lorsque le feu de Saint - Antoine l’avait emporté pendant la période de disette qui avait frappé tout la région. Ainsi, elle ne pu célébrer ni sa noce ni son bonheur. Depuis, à chaque anniversaire de ce mariage macabre, la mariée du bois refait surface dans un dernier élan d’amour et d’espoir, pour retrouver son bien aimé, qui lui repose depuis de longues années déjà dans le cimetière, à la lisière du bois de la chapelle…










































Texte : N.B
Costume : confection N.B
Remerciement à Kévin  pour sa collaboration

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire